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8 avril 2009 3 08 /04 /avril /2009 15:22


Implantée en terre baumoise à l'extrême fin du XIXe siècle, l'usine de pipes Ropp occupe, une place singulière dans l'histoire de l'économie locale. Ses nombreux atouts - architecture intéressante, parc de machines complet et en bon état, stocks de matière première et de produits finis, archives conservées in-situ - en font un lieu exceptionnel, à haute valeur patrimoniale. C'est pourquoi il a retenu toute l'attention du service régional de l’Inventaire général de Franche-Comté dont l'étude, réalisée durant l'été 2002, a permis la constitution d'une centaine de dossiers, illustrés de 602 images (photographies et plans).
http://www.culture.gouv.fr/culture/inventai/presenta/visites/ropp/index.html

Eugène-Léon Ropp (1830-1907) fonde vers 1870 à Bussang (Vosges) une manufacture de pipes en merisier et d' articles de tabletterie et de caisserie en violette, coco, ébène.

(tabletterie : fabrication d'objets divers qui utilise le bois ou d'autres matériaux tels que l'ivoire, l'os ou la nacre)


Il aurait déposé dès 1869 son premier brevet pour une pipe en merisier.

Vers 1893, il transfère son entreprise dans l' ancien moulin Sicard, situé sur la commune de Cour (rattachée à Baume-les-Dames en 1895).

 

Deux critères ont guidé son choix : l'abondance des merisiers, matière première indispensable pour la fabrication des pipes qui constituent sa spécialité, et la présence d'un cours d'eau au débit suffisant pour actionner ses machines.

 

Le moulin est acheté peu après par Ropp, puis converti en logement ouvrier lorsqu' une nouvelle usine est mise en service en 1896 ou 1897.

 



Une demeure patronale, deux maisons d' ouvriers, trois logements collectifs et une conciergerie sont ensuite construits, tandis que de nombreux logements sont achetés par la société pour loger la centaine d' ouvriers qu' emploie l' usine au début du 20 siècle.

Ropp entreprend une politique d' acquisitions foncières, poursuivie après sa mort par son fils et successeur Eugène Ropp (1859-1937).

La ferme de Gondé, achetée en 1909-1910, est cédée à bail en 1918 pour la fourniture de lait et de fruits aux ouvriers de l' usine ; elle sera détruite par un incendie en 1964.

La ferme de la Lavenne, acquise et louée en 1918, sera vendue en 1931.

Un ancien café-restaurant, appelé maison Laillet (1995 AO 203), est acheté en 1923 : six logements ouvriers y sont aménagés.

Le 3 janvier 1920 est créée la société anonyme des pipes Ropp, dont le siège social est fixé à Besançon. Un bâtiment y sera construit à cet effet en 1927 au n°7 bis avenue de la Gare.

Un atelier, peut-être acquis en 1917, est établi à Saint-Claude (Jura) au n°8 rue du Plan du Moulin. En 1923, un petit immeuble, à usage d' atelier de polissage de pipes et employant 50 personnes, est également acheté à Etables, aux environs de Saint-Claude.

 

En 1930, le groupe anglais Oppenheimer prend des parts dans la société via sa filiale Cadogan (successeur de C.J. Verguet Frères). La famille Ropp perd la majorité dès 1934.

En 1941 est créée à Saint-Claude, situé en zone libre, une succursale dénommée SARL Jean Ropp, qui achète l' année suivante un bâtiment sis rue de la Poyat (revendu en 1950 à M. Lançon). La société s' approvisionne en merisier dans les environs de Baume-les-Dames et de Quingey (Doubs). Une fois livrées, les branches sont placées dans l' entrepôt couvert, dit séchoir à merisier, pour une durée de 3 à 5 ans. A l' issue de ce séchage naturel, un premier tri est effectué, puis le merisier passe dans l' autoclave. Après un repos de deux à trois semaines, appelé postage, le merisier est entreposé dans un séchoir à vapeur fermé, pendant plusieurs mois (de 3 à 12 mois), et exposé à une température d' environ 30°C. Le bois de merisier est ainsi prêt à être travaillé.

Dès le début du 20e siècle, la bruyère est également utilisée pour la fabrication des pipes.

A partir de 1945, les têtes de pipe en bruyère seront ébauchées à Saint-Claude ; l' usine de Baume-les-Dames continue néanmoins de créer ses modèles et d' effectuer les opérations de finissage.

Le nombre des postes de travail passe ainsi de 34 en 1930 à 17 en 1968.

















Les étapes de travail des pipes en bruyère sont les suivantes : calibrage, ébauchage, varlopage, fond de pipes, rapage, perçage, choisissage, montage et finissage (masticage, polissage, vérifiage, affleurissage, teinture, ponçage, vernissage, éclaircissage, marquage).

 

Dans les années 1950 et jusque dans les années 1970, la mode évolue vers le gainage des têtes de pipe (cuir cousu), pour lequel la société emploie six personnes à domicile, tandis que la pipe en merisier est progressivement délaissée. D' autres matériaux connaissent un regain d' intérêt (écume de mer, bois stratifiés et contrecollées, matières plastiques), même si le culottage est toujours effectué en bruyère, seule capable de supporter la température d' un foyer de pipe.

 

L' usine entre, à partir des années 1970, dans une période de crise, marquée par la concurrence des pipes Butz-Choquin (fabriquées par le fabricant san-claudien Berrod-Regad) et la mise en sous-traitance de certains produits (systèmes, viroles). La vente des logements et dépendances, à partir des années 1960, n' empêche pas le déclin de l' usine qui, malgré une reprise par la société Amiel Diffusion en 1989, ferme ses portes en septembre 1991.

 

Deux personnes ont continué à travailler jusqu' en 1998 pour le compte de la société Cuty-Fort, basée à Saint-Claude.

 

bibliographie

Rédacteur : Favereaux, Raphaël Référence : IA25000263. Dossier d'Inventaire : usine de tabletterie (usine de pipes Ropp), actuellement musée, Baume-les-Dames (25). Besançon : Direction régionale des Affaires culturelles de Franche-Comté, Service régional de l'Inventaire général, 2002.

 

 

 

 

Evolution des effectifs :

 

110 personnes en 1906,

 

140 en 1912,

 

118 en 1926,

En 1923, l' usine produit 530 000 pipes.

60 en 1936 et 1956,

En 1958, la production s' élève à 200 000 pipes (pour moitié en bruyère et en merisier).

53 en 1967,

 

24 en 1991.

 


 

 

ECOMUSÉE DES PIPES ROPP
Rue des Pipes - 25110 Baume-les-Dames

Installé sur le site de production artisanale du 19ème siècle, l'écomusée des pipes Ropp expose des modèles légendaires pour tout connaisseur de cette marque emblématique.

Cependant, ce musée est en cours de réaménagements. Il est donc fermé au public. Sa réouverture n’est pas encore programmée.





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commentaires

J
Bonjour seriez vous si il existe des variétés ou des hybride assez rustique pour suvivre au grand froid du québec pour la confection de pipe?
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J
Super article d'autant que lorsque j’étais à l’école de Baume les Dames en 1998 j'ai participé à la remise en état de quelques machines le mercredi après-midi avec un ami.
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G
<br /> Bravo pour les infos sur la fabrique Ropp, et aussi pour les photos actuelles ; c'est assez triste de voir des locaux avec toute une histoire vidés de leur substance.<br /> <br /> <br />
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